Les Pages Jèrriaises

A l'Editeu de la Kronique

 

Mousieu, - Vous pliez-ti avé la bonté si vous pliez de me réservé un p'tit coin dans vot gazette pour publié ma lettre. Comme ou z'avez tréjour était l'anmin des campagnards, et que je prends vot gazette deux fais toutes les semaines, je ne crai pon que ou zerais le coeu assez du pour m'erfusé. - Ne v'chin de qui y s'agit, l'aut jeu je fut chergi par un flioquet de mes vaizins d'allé faire visite a chez m'ôfaite Banques, les chennes ou savez qui ont fait vent par la culasse, pour demandé est liquideurs, liquidateurs ou prédicateurs, comme y vous pliez l'zappelé, quand eke y nous donnais des sou pour nos billes. Je vous aseuze, Mons. l'Editeu, que c'hetait une job que que j'naimez pon comme je savez d'avanche que c'hetait paine perdue. Shutte course la m'fit bain d'la paine, me qui sis couissu de Rum-a-tis par avé tant travailli pour ramassé quique sou pour sus nous viers jours, à mé et a ma Ràché, et pis de ves tout perdu, j'en perdrons la tête et chen d'eddans. - A ma r'evenue de la ville, queque je trouve siez nous sinon le vaizin Abrehan assiz sus l'sectin a pétuné, en m'attendant pour oui des nouvelles de chez Banques. Eh bain! Nickles im dit, s'em fi y, qui nouvelles as tu apprins annié et queque y font a chez banques? vont y donnais ou promins des sou? Ah! m'en fiston donnais des sou! Ah! mes nennin, y mont putot fait bain lait, et mont dit de me retirer. Pourtant, s'en fit Abrehan, il en ont des sou, car le vaizin Sam me disait laute jeu quil avaient er'chu mil louis. Sus l'entrefaites, ne v'la ti pas Ràché qui était a lavé ses vaissiaux dans la dépense, et qui écoutait bain, entre dans la cuisine comme un sascadiable disant quil était vrai: car son couizin Maqui l'yvait dit, et qui se trouvait un Samedi au sé a la Banque des Metots comme y péchiez lus com-y-té de féniants atout chez sou ichin. - Mais ou l'tait comme une folle et nous dit que jetions deux achogre, et que si ou l'avait des bree, ou sen irait tout dré a la Raine lis conté comme je sommes ruinez et volez ichin. Quand je la vinmes si determinez, le coeu nous cru, et nous en fumes sus le champ trouvé le couizin Maqui et la, tous les très, chez a dize Abrehan, Nickles et Maqui, assiz au qu de la futaille, a bèze une fais de chu bon vier pétard, y fut décidé, séance tenante, d'attendre oquo huit jours, épiz dom après, sy n'y a pon de changement, jalons tassé a head-and-tail, a savé le chen qui ira porté plainte a la Raine; je sai bain que si chez mé qui y vais, et que jais mes coppers un mio cauds, je lui en contrai long et large.

Une Viktime
Ekreho, 13 Août 1873

 

Chronique de Jersey 16/8/1873

 

 

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