La Fête des Rouaisouns |
Le grand festival annuel de la culture et de la langue normandes est de retour à Jersey du 28 au 30 mai 2005. C'est une grande rencontre des « cousins » normands où, durant tout un week-end, seront proposées des animations folkloriques et littéraires : r'citâtions de poésie ou contes, chansons, danses, costumes traditionnels et des conversations en langue normande. Les enfants qui apprennent le jerriais dans les écoles de l'île y participeront ainsi que des musiciens, chanteurs, danseurs et des visiteurs des îles de la Manche et de la Normandie continentale. Mais à partir de lundi le 23 mai 2005 on proposera une semaine d'animation à la Jèrriaise dans les rues de Saint-Hélier, des poésies, des chansons, des danses et des traditions. Vendredi le 27 au soir on prévoit un défilé en costume des participants de la Fête dans les rues piétonnes de la Ville.
Samedi, dimanche et lundi (qui est férié en 2005 à Jersey) la Fête Nouormande 2005 se déroulera à la campagne au quartier-général de la Société Royale Agricole de Jersey. Dans la grand' tente les Jersiais, les Guernesiais et les Normands du continent présenteront leurs chansons, leurs textes, leurs contes et tout l'esprit de la langue normande. Et il y aura des activités, exposition de vaches, jeux traditionnels, rafraîchissements et produits gastronomiques.
La langue normande a donc sa fête depuis que des passionnés ont décidé de se réunir pour défendre et promouvoir leur culture. A Jersey, un programme d'enseignement de la langue jerriaise dans les écoles a été mis en place et grâce à une subvention de 750 000 euros du gouvernement. En plus des écoles primaires et secondaires, le jerriais est présent à travers des articles hebdomadaires dans le journal local et des programmes diffusés à la radio.
Programme
Mardi 24 mai jeudi 26 mai Animations dans les rues du centre ville : chansons, récitations, « chaudron sonore » (faire sonner les poêles) Exposition sur la langue Normande à la Maison de la Normandie. Exposition de livres en normand à La Société Jersiaise.
Mardi 24 mai Mercredi 25 mai: Atelier de chaudron sonore au Centre des Arts, Saint-Hélier (gratuit) (20h) Jeudi 26 mai:
Renseignements pratiques pour les participants
La Fête Nouormande 2003 - Dgèrnésy Photos d'la Fête Nouormande 2003:
La Fête des Rouaisouns à Bayeux
Les Normands font la fête à JerseyLes cousins des îles et de la Grande Terre se réunissent pour défendre leur langue d'oil « Maintenant, je peux parler avec mes grands parents. » Audrey et Benoit sont élèves à Saint-Germain-le-Gaillard et au collège des Pieux du côté de Cherbourg. Ils suivent les cours de Normand de Rémi Pézeril, un prof militant des langues minoritaires. Samedi matin, de bonne heure, ils ont pris le bateau à Saint-Malo avec leurs copains et copines de la chorale. Pour la premiere fois, ils ont rendez-vous avec leurs cousins « Jerriais » à la fête normande. Ils vont chanter avec Théo Capelle, accompagné du guitariste Jean-Louis Dalmont, du groupe Magene. Les premières d'une carrière internationale... Il ne faut pas rire. Rémi Pézeril a découvert sa culture normande... en Sicile, raconte-t-il dans le car qui nous mène au manoir de Samarès « Il y a trente ans. je suis tombé sui la célébration du 900e anniversaire de l'arrivée des Normands à Palerme. Certes ils ont dû piller et tuer, mais ce fut ensuite une période de paix et de prospérité, qui est toujours celébrée. C'est à Rome qu'on retrouve le Centre Européen d'études normandes! » Depuis il enseigne la langue de ses ancêtres, une langue d'oil, comme le gallo, le wallon... Une langue minoritaire. « Certainement pas un patois. » Bien avant qu'on parle de mondalisation, l'enseignant a été sensibilisé aux cultures en voie de disparition. « J'ai même été chez les Indiens d'Amérique. Mais si on est capable de défendre ces cultures d'ailleurs, pourquoi pas les nôtres. La France particulièrement a tué ces cultures souterraines. » Le Remi Pézeril Jersiais s'appelle Geraint Jennings, un barbu en catogan, il coordonne l'enseignement du « Jerriais », le normand de l'île. «Notre langue est de moins en moins parlée dans les familles, mais le Parlement nous aide à relancer son enseignement facultatif dans les écoles primaires et secondaires. Grosso modo, 200 enfants suivent nos cours. Quand je me promène sur les chemins, je suis heureux d'entendre parfois une petite voix qui me dit: « Bouônjour! Comme est qu'ous êtes?» (Bonjour, comment allez vous?) », dit-il avec un bel accent du terroir. Il s'inspire de l'exemple de l'île de Man, « Là-bas, il n'y a plus de vieilles gens à parler le Manx, mais les enfants, eux, le parlent. » Il y a donc de l'espoir. Comme les Bretons de Diwan, les défenseurs de la langue insistent sur les chances supplémentaires données ainsi aux gamins d'apprendre les langues étrangères. Loin d'eux l'idée d'un nationalisme étroit, d'une frilosité régionale. « Mais nous devons défendre nos racines communes. Plus notre société est urbanisée, et plus il faut faire attention à notre culture rurale », affirme Pierre Aguiton, vice-president du conseil régional de Basse-Normandie, et créateur de la Maison de Normandie à Jersey. Si la culture est forcément un moteur dans ces retrouvailles printanières entre la Grande-Terre et les îles anglo-normandes, personne, ici, ne neglige l'économie. Et d'ailleurs, Pierre Aguiton regrette que les liaisons maritimes entre, les cousins soient nettement plus mauvaises qu'avec les voisins Bretons. « C'est plus facile de partir de Saint-Malo que de la côte normande pour se rendre sur nos iles. Mais les liaisons devraient s'améliorer cet été », precise l'élu. Sur le gazon anglais du ravissant manoir de Samarès, Jersiaises encapuchonnées et Jersiais enchapeautés, dansent en se faisant des courbettes, sous l'oeil étonné des petits chanteurs de Saint-Germain. Des générations se decouvrent, apprennent à se reconnaître, se renforcent. Ce serait dommage de ne pas en profiter, foi de Normands. Louis LE MÉTER. Ouest-France 9/6/2002
Les Rouaisouns ou les Normands en fêteDepuis la création de la Fête ès Normaunds à Montebourg au printemps 1998, les Rouaisouns (c'est son nom) rassemble chaque année en mai ou juin les passionnés, les défenseurs et les créateurs de la langue et de la culture normandes. L'édition 2001 s'est ouverte à Coutances par un colloque sur la situation du normand dans la province et les îles et s'achèvera ce soir. C'est aux Unelles et c'est gratuit. La Fête des Rouaisouns a pour fonction de rassembler une fois l'an le grand public et tous ceux qui travaillent au renouveau de la langue et de la culture normandes, pas seulement en Cotentin mais aussi à Jersey (trés actif), à Guernesey et dans le reste de la Normandie. La fête est un échange de diries, de chansons, de textes anciens et nouvellement créés en normand. Et des stands illustrent le travail accompli dans les différents pays de la Normandie, du Pays de Caux aux Iles anglo-normandes. Et si les Rouaisouns existent depuis quatre ans (la fondation à Montebourg en 1998, Jersey en 1999, Guernesey en 2000, Coutances cette année), il a été créé fin 2000 une Fédération des associations de Normandie continentale et des iles, l'Assembllaée ès Normaunds, dont le président-fondateur est Hubert Godefroy, de Lestre, responsable du Musée ethnographique du Bois-Jugan à Saint-Lô, Leur "fer de lance" : la fête. Leur objectif : donner au normand son statut légitime et obtenir le droit à l'enseigner officiellement dans les établissements scolaires. Passionnés de normand, rendez-vous donc à Coutances, aux Unelles, pour fêter les Rouaisouns. Presse de la Manche 10/6/2001 La seule bonne nouvelle, hier, on l'a trouvé du côté de nos voisins des îles anglo-normandes. Surtout ceux de Jersey, où la langue est enseignée officiellement dès le primaire. 1500 enfants concernés! Le représentant jerriais explique la méthode avec un très joli mélange linguistique. "C'est important qu'on a la modernité pour les p'titots. J'avons nos pt'its computers, on met des quizz et des games, les mousses sont contents!" Samedi, le débat sur l'enseignement du normand a constitué le temps fort de la fête. Les perspectives ne sont pas très bonnes... sauf chez nos voisins de Jersey, qui accueilleront la 5e édition des Rouisaouns, l'an prochain. Ouest-France 10/6/2001
Samedi à Jersey, le normand à la fêteDevançant la "Journée mondiale des langues" de quelques jours, les Normands avaient choisi Jersey (dites "Jèrri") pour faire la fête autour de leur parler, avec les nuances et les saveurs de celui du Cotentin, du bocage virois et de celui des îles. Le nom de le fête est désormais consacré: les "Rouaisouns". Les "Rouaisouns" (ou "Rouvaisons") étaient une tradition des pays catholiques qui se déroulait dans les jours précédant l'Ascension destinée à attirer les bénédictions de Dieu sur les récoltes et les travaux des champs. Joli symbole qu'ont choisi les défenseurs du normand pour appeler sur ce cher parler les faveurs de Dieu ou de ses saints, notamment le ministre de la Culture... Les "Rouaisouns" pour la défense et l'illustration du normand ont été célébrées pour la première fois en mai 1998 à Montebourg : des passionnés du parler de la province sont venus du Cotentin, de Guernesey, de Jersey, du Coutançais et du Bocage dire et chanter des textes anciens ou de leur composition. Au cours de le fête, Marie De Garis, une Guernesiaise qui avait consacré sa vie à écrire un "Dictiounnaire du dgernesiais", a reçu un chaleureux hommage pour son oeuvre. Rendez-vous avait été donné à la conclusion des "Rouaisouns" de Montebourg pour celles de 1999, que Jersey était très tenté d'organiser. Ainsi assistait on à ce que tous ceux qui pensent que le normand est un fondement de notre identité espèrent voir devenir une tradition.
A Jersey, à travers une revue, "Les Chroniques du Don Balleine", la langue normande continue son bonhomme de chemin. On a même créé une rencontre dans l'année où l'on présente devant jury ses compositions (poèmes, textes, dialogues), que l'on soit auteur en culottes courtes ou avec un talent déjà reconnu. A Coutances, l'Université populaire a sorti récemment un remarquable travail de grammaire du normand (ce qui n'avait jamais été fait). A Cherbourg, "Le Viquet" parle de lui-même et, dans le cadre de l'Université populaire, des soirées d'initiation à la pratique de la langue normande ponctuent l'année "scolaire". Il y avait là un travail suffisamment solide pour servir de base à une mise en commun continent - îles, d'autant qu'on était loin d'avoir épuisé tout ce qui se fait de part et d'autre du passage de la Déroute (des cours dans cinq collèges de la Manche, des veillées linguistiques à Guernesey animées par un groupe de jeunes "fêlés" de la langue de leur île et, si l'on s'étend à toute la Normandie: des classes patrimoine sur le thème de la culture et de la langue normande, des passages à la radio, à la télé ici ou là, sans compter l'immense travail des nombreux groupes folkloriques du bout de la Hague aux bords de la Bresle et de la forêt du Perche).
A Jersey comme dans la Manche, les commissions ont commencé à travailler et l'on y retrouve, côté Normandie continentale, l'équipe du "Viquet" autour d'Eric Marie, Jacques Mauvoisin, Rémi Pézeril, des membres de Jersey -Coutançais comme Jean Levivier qui fait de son manoir de la Héronnière à Annoville un lieu de célébration de la culture normande, Hubert Godefroy, responsable du Musée rural de Boisjugan à Saint-Lô. Pour la plupart, ils sont engagés dans les travaux de défense et de promotion des langues d'oïl aux côtés de Wallons, de Picards, de Bretons du pays gallo (la Bretagne non bretonnante), de Poitevins, de Morvandiaux... Ils ont d'ailleurs publié un recueil de beaux textes de cette aire linguistique mal connue (car étouffée par le français dit "standard"), livre dans lequel la littérature du Cotentin et de Guernesey - Jersey côtoyait celle du Bessin, du Bocage et du Pays de Caux. Alors, si à travers l'Association nationale de défense des langues d'oïl, on se côtoie entre Normands de l'Ouest et de l'Est, pourquoi ne pas le faire chez soi? Ainsi a germé l'idée de la fête, sa première réalisation à Montebourg en 1998 et les "Rouaisouns" de Jersey, samedi.
Si donc ça marche si fort pour le normand de l'île, c'est que Jersey ressent comme "un risque pour son identité s'il perd sa langue originale." Tony Scott Warren, dans ce contexte, se dit "hardi encouragé" dans sa tâche "Y a tant de bonheur à pâler lé jèrriais et à le faire aimer." Comblé, mais la tâche est immense : décision est prise de commencer les cours chez les 9 à 10 ans au rythme d'une demi-heure par semaine dès le rentrée d'août 1999 Tony vient de passer trois mois à préparer les livrets qui vont servir à l'enseignement du jèrriais, selon la méthode vivante de l'apprentissage des langues. Avec l'espoir de sortir un CD Rom "dans tchiques annaèes' Son problème de l'heure, c'est surtout de trouver des enseignants qui le relaient. Jersey tient à sa langue. Et l'affirme très officiellement : sur les portes de la gare maritime, on est accueillis d'un sympathique "Séyiz les beinv'nus à Jerri" Et dans l'autre sens, on nous dit "A bétôt et à la préchaine" La troisième édition des "Rouaisouns " aura lieu en 2000 et il y a même deux concurrents pour son organisation Guernesey et le Bessin. Pour Jacques Mauvoisin, l'objectif est bien de la rendre itinérante à travers la Normandie, des îles au Pays de Caux. Signe intéressant : il y avait trois jeunes d'Yvetot, près de Rouen, samedi à Jersey. La Presse de la Manche 19/4/1999 Des Rouaisons à la CharteC'est un hasard qui a fait que la fête désormais organisée en Normandie vers la fin avril et qui a pris le nom montebourgeois de "fête des Rouaisons" (ou Rogations: fête instituée pour demander à Dieu la protection des biens de la terre) coïncide à peu près avec la Journée Internationale des Langues, célébrée au plan européen aux environs du 20 avril. L'appui divin ne serait pas de trop pour assurer la protection de nos pauvres langues qui, peu à peu, émergent bien péniblement. Au moins la Normandie occidentale fait-elle preuve de détermination dans ses manifestations d'attachement au patrimoine linguistique. L'an dernier, c'était Montebourg qui accueillait les premières Rouaisons; des défenseurs passionnés s'étaient regroupés, venant de Jersey, de Guernesey, du Cotentin et du Bocage virois. La seconde édition a eu lieu cette année à Jersey, le samedi 17 avril; elle consistait, comme l'an passé à Montebourg, en des r'citations de poèmes ou de dialogues, mais aussi on y avait ajouté des démonstrations de jeu de boules et de jeu de palet, tandis que des Vikings expliquaient leurs jeux et leur mode de vie. Le choix de l'endroit, il est vrai, n'était pas innocent : sous l'impulsion d'associations comme l'Assembliée d'Jerriais et le Congrès des Parlers Normands et Jerriais, soutenus par une vaillante publication, Les Chroniques du Don Balleine, héritières du Bulletin d'Quart d'An fondé jadis par Frank Le Maistre, les États de Jersey ont voté pour 1999 une somme de 51000 livres, soit cinq millions de francs, pour fonder un véritable enseignement concerté du jerriais dans le monde scolaire. Un néo-locuteur du jerriais, Tony Scott-Warren, d'abord chargé à Channel TV des émissions en jerriais, s'est vu confier la tâche de mettre en place l'enseignement du jerriais dans les écoles, avec l'accord de 23 directeurs d'école sur 24; il s'appuie en ceci sur une demande explicite de 700 parents ayant manifesté le souhait de voir leurs enfants apprendre le jerriais, certains même ayant ajouté qu'ils aimeraient bien l'apprendre eux-mêmes. Les opérations devraient donc commencer, pour les 9-10 ans, à la rentrée scolaire d'août 1999, au rythme de trente minutes par semaine. Pour le moment, Tony fignole son manuel d'apprentissage; son problème, et il est le même en Cotentin: trouver des enseignants compétents qui seraient ses relais dans ce travail. L'autonomie de l'île sur le plan de la politique intérieure joue manifestement un grand rôle: aux portes de l'aérogare et de la gare maritime, ce sont des inscriptions en jerriais qui souhaitent aux visiteurs arrivants d'être "les beinv'nus" et qui leur disent, dans le sens du départ "à bétôt et à la préchaine". Mais qui sait si, grâce à la Charte Européenne des Langues, ce ne sera pas bientôt légalement possible aussi en Normandie... Le Viquet
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