La Fête Nouormande
La Fête des Rouaisouns

La Fête Nouormande - La Fête des Rouaisouns

 

Les Rouaisouns 1998

Montebourg

 

A l'initiative de John Denize et Jean Le Maistre de Jersey et de Jean Levivier et Jacques Mauvoisin du Coutançais deux rencontres entre Normands des îles et du continent ont eu lieu à Carteret en octobre 96, puis à St Martin de Jersey en juin 98.

L'objectif de ces rencontres était de faire le point sur la situation de la langue normande dans les îles et sur le continent et de mener une réflexion commune sur les moyens de défense et de promotion de ce bien commun.

L'un des aboutissements fut la création de trois groupes de travail : enseignement, médias et publications, et enfin folklore et fête.

 

Les Rouaisouns 1998

 

Le groupe folklore et fêtes proposait dès cette première réunion un projet de festival de la langue et de la culture normande en s'inspirant de ce qui existe déjà à Jersey et Guernesey (eisteddfods)

L'idée première de cette manifestation était de faire valoir publiquement le travail de tous ceux qui un peu partout en Normandie et dans les îles gardent la langue et la culture bien vivante : les enseignants et les élèves de normand des écoles primaires et secondaires, les associations qui regroupent des normanophones ou les groupes folkloriques qui oeuvrent à la vitalité des traditions. En conséquence, il s'imposait d'ouvrir cette fête à toute la Normandie du Pays de Bray à Guernesey et de faire en sorte que cette fête ait lieu chaque année dans une région différente de l'ancien duché.

Les Rouaisouns de Montebourg

L'association Montebourg-Guemesey proposa d'organiser cette première édition. Jean Margueritte son président suggéra de la baptiser du nom de Rouaisouns. "Autrefois, les Rogations, Rouaisouns, appelaient les bienfaits du ciel sur les prémices : elles étaient une fête de l'espérance, de la confiance en l'avenir. Il n'y avait pas de meilleur symbole pour célébrer le Normand en devenir que cette fête qui, à Montebourg, se doublait d'une foire dont Guillaume Le Conquérant avait doté l'Abbaye et le bourg dès 1080."

Le programme, très diversifié, de la fête proposait le vendredi 22 mai à l'église Saint-Jacques, une soirée contes. Mireille Duhaut et Lionel Josse des Goublins, l'abbé Michel Leblond et Chistopher Traves entamèrent les Rouaisouns par des légendes du Cotentin, des Vikings à nos jours.

L'après-midi du samedi était le grand moment de la manifestation. Pour la première fois étaient réunis des Normands de Jersey, Guernesey du Cotentin, du Coutançais et du Bocage Virois pour que, chacun dans son accent et ses particularités qui font la grande richesse de la langue, s'exprime par des diries, sketches, poésies et chansons : l'Université Populaire Normande du Cotentin avec Eric Marie et ses amis, l'Assembliée d'Jerriais autour de Jean Le Maistre, les Ravigotteurs guemesiais autour de Jan Marquis et de Lloyd Le Tocq, les Chauntous de la Côte du Coutançais et Claude Chaumont, en paysan bocain. Un livret réunissant tous les textes jersiais, guernesiais et continentaux était proposé à l'entrée de la salle pour suivre plus facilement les interventions et laisser une trace écrite de ces textes dont certains étaient des créations encore inédites.

Le soir toujours dans la salle des fêtes de Montebourg s'est déroulé un bal folk animé par les danseurs et les musiciens des Goublins.

Une table ronde, une fête, un festival du plaisir d'être normand

Le dimanche matin était consacré à une table ronde sur la défense et la promotion de la langue et de la culture normandes. Elle réunissait des personnes très connues pour leur inlassable activité comme Jean Le Maistre, Tony Scott Warren ou Joyce et Brian Gilbert (19 Jersiais de l'Assembliée de Jerriais étaient présents), ainsi que des Guernesiais, Peter Bréhaut, Lloyd Le Tocq ou Peter Le Lacheur du groupe Les Ravigotteurs (10 Guernesiais). L'idée force qui est ressortie de cet échange, c'est la nécessité de développer l'enseignement du Normand dans les écoles primaires et les collèges.

L'après midi, la fête à l'abbaye était elle aussi normande des vikings en Cotentin au confort ménager à la conquête des cuisines guernesiaises dans les années 50. Les vikings étaient ceux de Chistopher Traves, les chevaliers du temps du duc, ceux du groupe Guillaume le Conquérant de Caen. Les Goublins faisaient chatoyer un siècle de culture paysanne. Les Ilemans offrait le thé et la gâche autour de trois intérieurs de cuisines guernesiaises reconstitués par Lloyd Robilliard. Les carrioles, la vachère et les poneys étaient ceux des "Ecuries de la Gare" de Séverine et Pascal Gidon. Louis Legigan fabriquait des cordes à l'ancienne. Une jument de Pascal transformait la bonne crème de la Cour de Lestre en un beurre très fin.

Un hommage émouvant à Marie de Garis

Couronnant la rencontre du matin, l'hommage à Marie de Garis, une délicieuse vieille dame qui a consacré toute sa vie à la langue de Guernesey, a été un moment très fort et très émouvant. Elle a notamment écrit un Dictiounnaire angllais-guernesiais qui est une somme de connaissances linguistiques et ethnographiques irremplaçable, publié en 1967 et réédité plusieurs fois. Pour la première fois, elle venait "sus la Graund Terre", ce fut une fête. Honorée par Didier Anger, conseiller régional, chouchoutée par les représentants de Montebourg-Guernesey, reçue avec émotion par les Jersiais, adulée par la poignée de Guernesiais, elle a reçu un formidable hommage d'amitié chaleureuse et de reconnaissance. En échange, elle a offert à tous les présents, un hymne à sa langue et à son pays, un acte de foi et d'amour qui a touché tout le monde.

 

Le Viquet, Saint-Jean 1998

 

Séyiz les beinv'nus!