Salut à Jersey
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Libre Jersey, salut! Ta fière indépendance Aux nations sourit. L'Angleterre et la France Te prêtent leur concours, sans t'imposer leurs lois, Car tu vis par toi-même, en te passant de rois! Une reine est ta soeur... Si ton âme l'adore, C'est que VICTORIA te respecte, et colore Ses aimables bienfaits par l'offre d'un amour Qui plaît à ta fierté. Quand la France, à son tour, Vient dire à ton esprit, dans un mâle language, Qui, comme elle, hardi, puissant, plein de courage, Il brille parmi tous, tu réponds, en français, Que “Jersey peut aimer, mais obéir, jamais”! Mieux que l'ancienne Tyr, que Venise l'altière; Plus que la vieille Malte, à l'âme de guerrière, Tu sais donner aux tiens la paix et le bonheur: L'intelligence forme, avant tout, ta valeur! Du haut de tes rochers tu nargues les tempêtes; Un abri, dans ton sein sait offrir aux poëtes, Aux fugitifs errants, égarés sur la mer, Un repos calme et sûr, et non l'exil amer. Tu ne sais pas encor ce qu'est le paupérisme, Car loin de ton foyer tu bannis l'égoïsme. Le travail est ta loi; ta puissante fierté, Par un constant labeur, garde sa liberté! Ton nom va grandissant: chaque marin s'incline, En côtoyant le roc, où ton drapeau domine. Tes enfants font de toi presque une nation, Et l'Europe connaît leur libre pavillon! Terre, que Dieu bénit, sois par nous tous bénie! Tu gardes dans ton coeur les trésors d'un génie! Ta sagesse n'a pas besoin de hauts remparts, Pour défendre tes biens! Tu souris aux beaux-arts, Et sûre d'iter l'impitoyable guerre, Tu vois s'unir chez toi la France et l'Angleterre! Par ton intelligence et ton activité, Tu peux donner à tous ton hospitalité! Les grands esprits chez toi se reposent une heure, Quand la foudre a brûlé leur paisible demeur..... Quand le néfaste vient les frapper de sa main, Quand, tombés, il leur faut travailler pour du pain, Tu les accueillis tous, au lieu d'être marâtre! Nous aussi, Jersiais, artistes du Théâtre, Nous ambitionnons, quand nous sommes chez nous, Le plaisir et l'honneur de venir près de vous: Aussi nous donnez-vous un généreux asile. Notre art toujours ingrat ici devient facile; Nous y voyons toujours nos efforts couronnés: Puissons-nous être encor par vous tous patronnés! Nos efforts soutenus parviendront à vous plaire, S'il est vrai que tout homme éclairé, volontaire, Stimulé par l'ardeur, renverse, en son chemin, L'obstacle qui surgit, pour toucher à sa fin!
Janssouli |
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