Adieu, Jersey! terre aux rives sauvages,
Aux frais vallons, aux parterres fleuris;
De tes splendeurs j'avais le coeur épris,
Pourquoi faut-il déserter tes rivages?
Notre existence est faite d'esclavages,
Avec les jours et moins longs et plus gris,
Les noirs soucis m'appellent à Paris,
Cette autre mer aux terribles ravages
S'acharnant sur les coeurs, non sur des rocs,
Les broyant sous ses flots aux rudes chocs.
Adieu, Jersey! maintenant ta pensée
Va s'éloigner de moi comme un reflux
Qui, n'arrêtant pas sa course insensée,
Descendra si loin qu'il ne viendra plus.
V. Barrucand
Jersey, 23 Septembre 1886
|