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Souvenirs d'exil |
Vous qui de l'aimable Cythère Recherchez les tendres plaisirs, A Jersey, l'île hospitalière, Accourez passez vos loisirs. Dès que vous touchez ce rivage Le bonheur s'attache à vos pas, Et plus d'une adorable image Vous sourit et vous tend le bras! Jersey, c'est la nymphe joyeuse A travers les flots agités, La fleur brillante, radieuse, Au parfum plein des voluptés! Terre d'ivresse et de folie, Berceau des rêves de l'amour... Ah! pour embellir votre vie, Mortels, choisissez ce séjour! Allez admirer la nature De ce pays cent fois heureux, Fouler ses tapis de verdure Et caresser ses blonds cheveux; Allez contempler la nacelle Qui s'éloigne gaîment du bord, Et, comme l'amante fidèle, Le soir vient s'abriter au port. De l'exil seconde patrie, Refuge assuré du malheur; Ton seul aspect, île chérie, Charme les yeux, séduit le coeur! Plus d'une angoisse d'un martyre Cesse... pour qui peut t'entrevoir; Au proscrit que ton ciel attire, Tu rends le courage et l'espoir. Jersey, de ma sombre tristesse, A vu sècher les pleurs amers, Et d'un bon ange la tendresse M'y consola dans mes revers; Mais sur cette place bénie Où règne l'hospitalité, On trouve un autre bon génie, C'est celui de la liberté! Félix Jarrassé, Proscrit Français à Jersey. St.-Hélier, Janvier 1853 |