Élégie

Victor Hugo

 

Poetry in Jersey

 

“Nous sommes les petits pinsons,
Les fauvettes au vol espiègle
Qui viennent chanter des chansons
à l'Aigle.”


Ah! l'Aigle a pris son vol, les Pinsons, les Fauvettes,
Ne chantent plus en choeurs.
Le Parnasse est en deuil... vois, ses doctes Poètes
Sont épars, sont en pleurs.

Oui, le Maître a vécu... pleurerons-nous Cybèle?
Non, il chante toujours!
Dans ses oeuvres il vit - sa verve est immortelle,
Dis, Barde mes amours.

Oh! ne le pleurons pas; Poète prends ta Lyre,
Chantons notre Immortel!
Je le vois - il est là, c'est lui qui nous inspire,
Du Trône son Autel!

Entends! il chante - entends... Vois notre illustre Maître
A la table des dieux
Est un vrai Météore! oui, vois il vient d'y naître,
L'y voilà radieux!

Invoquons-le, vieux Barde: oh France, oh Angleterre,
Il a chanté la Paix!
Notre Aigle est l'ennemi des combats de la guerre,
Disons le pour jamais!

Marchons vers LUTETIA! portons-y des Guirlandes,
Des festons et des fleurs!
Des fleurs qu'il aimait tant et tant - fleurs des Qiles Normandes
Qu'il arrosait de pleurs...

Oui, pendant son exil, j'ai vu couler ses larmes...
Parlant de son pays,
Parlant de FRANCIA - de son Ciel, de ses charmes,
En pleurant ses Amis!...

Nos Îlots t'ont voté des Cyprès des Guirlandes,
Des Couronnes de fleurs!*
Oh! tu frémis Orphée!... Oui, reçois ces offrandes,
Nos vrais porte-douleurs...

Au nom de l'Archipel, sa Patrie adoptive,
France reçois ces vers;
Ce sont les sentiments de mon sol, de ma rive,
Et ceux de l'Univers.

 

Jean Sullivan
Jersey, Mai 25, 1885



* Victor aimait les fleurs; c'était un culte pour lui que de leur prodiguer des soins, il leur parlait, il les carressait, nous l'avons vu s'incliner devant une fleur de myosotis, il disait: “Ne la cueille pas, elle souffrirait, tu la ferais mourir, ma belle PICCIOLA! ” (italien: petite fleur.)

 

 

 

Poetry in Jersey

 

 

 

 

La Société Jersiaise

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