Le Retour du Proscrit

 

Poetry in Jersey

 

Jersey, toi qui sur tes rivages
As vu passer tant de proscrits,
J'envoie enore vers tes plages
Ces vers que j'écris à Paris.

J'eus une affliction sincère
Pour ton ciel et ta liberté,
Et pourtant à toi je préfère
La France et son ciel agité.

Que je pensais à ma Patrie!!!
D'elle je fus déshérité
Par un bandit, don't la furie
Craignait l'honneur, la probité.

Durant vingt ans de mon absence
Que cet homme la pressura
Du Cauchemar de sa présence,
Oh! qu'il la démoralisa!

Et puis au jour de la bataille,
Que causa son ambition,
Il pâlit devant la mitraille
Et la livra pour sa rançon.

O France, malgré la blessure
Qui rend ton corps ensanglanté,
J'aime les traits de ta figure,
J'aime ton beau front velouté.

D'ailleurs n'es-tu donc pas ma mère,
Celle qui me donna le jour?
Mon coeur saignait de ta misère,
Mère, me voici de retour.

Pendant que tu souffrais, ô femme,
Les outrages d'un vil coquin,
De ce coquin la clique infâme
Me traquait sur un sol lointain.

Aujourd'hui que tout nous rassemble,
S'il nous fallait encor souffrir,
Eh bien! nous souffririons ensemble!
Auprès de toi je veux mourir.

 

La Lanterne Magique 4/1/1873

 

 

 

Poetry in Jersey

 

 

 

 

La Société Jersiaise

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