Jersey, charmant pays! Séjour de ma jeunesse!
Mon coeur, te saluant, se remplit d'allégresse!
Plaisante à mon esprit, Ile de mes aïeux,
Que j'aime à te revoir et tes aimables lieux;
Ces lieux où, sans chagrins, sans nulle méfiance,
Je passais d'heureux jours, les jours de mon enfance.
Où, de chers compagnons, comme moi, non grandis,
Se livrant ardemment sans regrets, sans soucis,
Aux doux plaisirs des jeux innocents du jeune âge,
Goûtaient le bonheur qu'entre enfants on partage.
Oui, j'aime à te revoir, s'en moquera qui veut,
Je n'en rougirai point, j'en fais ici l'aveu,
J'ai traversé les mers, et vu d'autres patries
Depuis que je quittai tes rives tant chéries.
Durant le cours des ans, je le sais, j'ai vieilli,
Les cheveux de ma tête ont aussi tous blanchi,
Mais mon coeur est resté Jersiais, - l'est encore;
Et d'être Jersiais, aujourd'hui je m'honore.
De tes enfants, jadis, l'honneur fut renommé;
Et ton histoire est riche en faits de loyauté.
Je reviens sur ton sol, ma petite patrie,
Y prendre le repos que tout mortel envie.
Je me plais maintenant à parcourir tes monts ; -
Tes chemins tortueux ; - tes fertiles vallons ; -
Tes aimables vergers où l'on cueille en automne,
Des fruits délicieux ;- riches dons de Pomone,
Tes champs qui sont toujours, avec soin cultivés,
Où l'on récolte, à plein, les présents de Cérès, -
Tes jardins, étalant des ornements de Flore,
Qu'une chaleur propice, au printemps, fait éclore.
Ile bienheureuse, à l'air pur et serein !
Quels superbes tableaux se trouvent sur ton sein
Que j'admire tes prés où les vaches laitières
Paissent tranquillement les herbes printanières.
Tes hameaux, tes sentiers, tes coteaux escarpés,
Qui pour donner plaisir me semblent tous formés, -
Tes sinueux ruisseaux, dont le coulant sonore,
A mon coeur aujourd'hui, semble parler encore, -
Tes chemins ombrageants et tes bocages frais,
Sont des lieux où l'on goûte et le calme et la paix.
D'un beau ciel azuré, la brillante lumière
Répand sur chaque objet sa clarté journalière.
Des aimables oiseaux, dans tes bosquets épais,
Réjouissent le coeur, - ont pour moi des attraits.
La vague mugissante, écumante de rage,
Vientsouvent, il est vrai, se rompre sur ta plage ;
Mais tes rives jolies et leurs plaisants contours,
Ont des charmes pour moi qui dureront toujours.
Ta surface fertile, et partout embellie,
Captivera mon coeur le reste de ma vie.
Clement Buesnel
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