À George Métivier, le Poète Guernesiais

 

Poetry in Jersey

 

Grand poëte et penseur, tes beaux vers font ta gloire;
Nos fils, en les lisant, béniront ta mémoire;
Tu seras immortel pour la postérité,
Car ta lyre a des chants d'amour, de liberté.
Ta plume si féconde est un souffle de vie
Qui ranime en nos coeurs l'amour de la patrie,
Et rend au foyer saint qui nous donna le jour
Des attraits plus puissants et beaucoup plus d'amour.
Tu nous fais à grands traits la divine peinture
Du Dieu qui créa tout: la sublime nature,
Ces mondes inconnus qui tournent dans les airs,
Les vallons, les ruisseaux, les montagnes, les mers,
En un mot, le grand tout, majestueux ouvrage,
Parfait par sa grandeur, et qui vit d'âge en âge;
Que nul ne peut changer, ne peut anéantir,
Si ce n'est Dieu lui seul, s'il en a le désir.
Par son souffle divin l'entier peut disparaître,
Par un souffle nouveau ce grand tout peut renaître!
Ecris donc, Métivier, philosophe et auteur,
Tes vers français-normands; c'est un travail d'honneur,
Et parle-nous toujours la langue de tes frères,
La langue du berceau, enseignée par les mères
A leurs petits enfants; elle provient du ciel,
Puisqu'elle vient de Dieu, le saint père éternel.
Cet idiome a été le langage des rois,
Des princes et des ducs, des paysans, des bourgeois,
Tous anciens habitants de la vieille Angleterre;
Il a les mêmes droits que d'autres sur la terre;
On le parlait partout, palais et tribunaux,
Et dans l'humble chaumière et dans les grands châteaux.
Et Wace, le Jersiais, ne fit-il pas des vers
En bon jersiais-normand, avant que l'univers
Eût produit ses géants, tels que Dante et Voltaire.
Et Racine, et Corneille, et l'hercule Shakspeare?
Honneur te soit rendu, poëte guernesiais;
Et si tu n'écris pas dans le même français
Que le titan Hugo, qu'on estime et honore
Pour tous ses beaux talents, tes doux chants sont l'aurore
D'un astre qui reluit sur ton pays d'amour,
Ta chère petite île où tu reçus le jour.
Puisse-tu donc jouir de ta noble victoire,
Et puisse ton pays honorer ta mémoire,
Car tu vis dans les coeurs de tes chers Guernesiais,
Aussi bien que dans ceux de tous les bons Jersiais.



George Messervy
Nouvelle Chronique de Jersey 2/6/1866

 

 

 

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La Société Jersiaise

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