St.-Martin - Ma Paroisse Natale.

 

Poetry in Jersey

 

Je décris aujourd'hui ma Paroisse Natale,
Tes attraits, tes contours, ta surface rurale.
Je me plais, à loisir à visiter ces lieux
Qu'autrefois, jeune alors, je parcourais joyeux.
Chaque objet que j'y vois s'adresse à ma mémoire.
J'y trouve tout vivant et tout m'y sert d'histoire.
Mais parmi ces objets de respect et d'amour,
Qui charment mon esprit, - m'inspirent tour-à-tour,
Il en est que mon ecour courtise avec ivresse ;-
Qui rendent à mes sens une vive allégresse.

Soit que dans tes vallons, où coulent tes ruisseaux,
Je m'arrête ou je marche au bruit de leurs échos ;
Soit que sur les penchants de tes fraîches collines,
Quelque objet m'intéresse ou me semble en ruines,
Chaque sujet m'instruit et paraît, à mes yeux,
Quelque reste chéri, jadis, par nos aïeux.
J'aime à l'interroger, et je me plais à croire
Que, de leur bon vieux temps, il me conte une histoire,
Et quand soudainement, entassés ou épars,
Quelques débris mousseux attirent mes regards,
Je m'arrête,..... contemple,...... en silence j'admire,
Saisit d'un sentiment que je ne puis décrire.
Ces restes, ces débris sans paroles,..... sans noms,
Inspirent môn esprit, - me donnent des leçons :
Il me font refléchir sur le commun ravage
Que le Temps fait sur tout, en tous lieux, d'âge en âge.

Enfin, cher St.-Martin, sur ton sol je m'instruits:
En parcourant tes monts, tes sentiers, tes reduits,
Je vois que l'artisan, conquérant la matière,
A produit des beautés sur ta surface entière.
De superbes maisons, enceintes d'arbrisseaux,
Erigées avec goût, d'après des plans nouveaux.
Sur des sites plaisants, solidement bâties,
Environnées encor de belles métairies,
Ont un aspect charmant, - par un heureux concours,
Utiles aux besoins, sont d'aimables séjours.

Tes paisibles hameaux, où règne l'industrie,-
Tes champs et tes jardins, nourriciers de la vie,-
L'arbre de tes vergers, dont les rameaux féconds
Laissent tomber leurs fruits sur de riches gazons,-
Tes humides vallons où l'onde, en sa descente,
Arrose un tendre herbage, en sa course innocente,
Sont des endroits remplis d'utiles agréments,
Qui charmeront toujours les gens intelligents.
Les inondations n'y possèdent d'empire,
Et l'air est embaumé que chacun y respire.

De tous tes grands chemins, par nos aïeux tracés,
Qui vont à des endroits, plus ou moins écartés,
J'aime le souvenir. Leur surface aplanie,
Me plut dans ma jeunesse, âge d'or de la vie.
Tantôt c'est un chemin qui mène à quelque port,
A Ste.-Cathérine, à Gorey, Anne Port.
D'autres vont aboutir à quelque utile baie ;
Soit la Coupe,...Fliquet,... L'Archirondelle ou Saie.
Leurs détours gracieux, plus ou moins embellis,
Sont capables, toujours, d'égayer les esprits;
Même, les moindres coins de ta riche étendue
Montrent que chaque route est bien entretenue.

Ta côte dentelée en toute sa longueur,
Où se trouve abrité le bateau du pécheur,-
Dont les monts escarpés, en recourbant leur chaînes,
Varient, tour à tour, de très plaisantes scènes,
De chaque visiteur captivent les regards.
L'aspect désordonné de ces rochers épars ;-
Ces bizarres rochers: que la mer orageuse
Bat souvent en grondant, bruyante et furieuse,
Ces rocs, au Couperon, ces cailloux détachés,
Massifs, quoiqu'en débris, grotesquement posés,
Qui, formant un rampart contre l'onde en sa rage
Protègent un fertile et riant paysage,
Offrent, à l'oeil ravi, des objets suprenants
Qu'ont produit les combats divers éléments.

Si de l'antiquité je cherche quelque ouvrage,
Ton ancienne église apparaît et m'engage.
Dans son enclos sacré, son aspect, à mes yeux,
Est toujours solennel, grand et majestueux.
Sa massive, imposante, antique architecture
Des siècles reculés, et solide en structure,-
Son élégant clocher, sa cloche dont le son
Appelle le fidèle à la dévotion,
S'élèvent sur ton sol en état magnifique;
Et du douzième siècle,..... en auguste relique.
Tous les frais encourus pour ses bons entretiens
L'ont conservée et font honneur aux paroissiens.

Le Château Mont Orgueil aussi dans notre histoire,
Prend un rang distingué en actions de gloire.
Son front antique encor se dresse dans les airs;
Ce front qui résista de longs assauts amers.
De ta côte il honore une de tes collines;
Le Jersiais respecte encor ses ruines
Mais ses traits sont usés. Le Temps qui ronge tout,
Dont les nombreux dégats se répandent partout,
A, sur sa masse énorme, établi son empire,
L'a sûrement ridée, - et même la déchire.
Tout son intérieur, j'apprends avec regret,
Négligé, dépérit, s'affaise et se déchet.

En désignant ainsi ma paroisse natale,
Les divers agréments que sa surface étale;
Je n'ai point ignoré qu'ainsi qu'elle, ses soeurs
Ont leurs antiquités, leurs attraits et leurs moeurs ;
Leurs paisibles hameaux, leurs maisons magnifiques ;-
Des chemins bien soignés et des scènes rustiques ;-
De très riches vallons, où murmurent des eaux
Qui coulent constamment en modestes ruisseaux ;-
La surpassent, peut être, en leur terrrain fertile ;-
Qu'une d'elles contient une opulente ville.
Qu'enfin, les douze soeurs, forment une unité,-
Une île très fertile et qu'on nomme "Jersey."
Mais c'est à St.-Martin où je reçus la vie:
Je lui rends mon hommage ainsi qu'à ma Patrie.

 

Clement Buesnel

 

 

 

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La Société Jersiaise

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