L'Île de Jersey

 

Poetry in Jersey

 

Stances à Lord J.T. Tr...

“Oblitusque meorum, obliviscendus et illis.”
(Virgile.)




Il est un des recoins oubliés sur la terre
Où' contre le destin lasse de s'irriter,
Aux sources du repos l'âme se desaltère
Et cherche loin du bruit un port où s'abriter.

Là sur le vert sentier qui descend au rivage
La nature a semé ses plus fraîches couleurs,
Et, n'offrant aux regards qu'une riante image,
Chaque toit est un nid caché parmi les fleurs.

Là, le flot n'accourt pas frapper le roc qui tremble,
Renverser sa barrière et rugir triomphant,
Mais sur un sable d'or son murmure ressemble
Au chant doux et plaintif dont on berce un enfant.

Mon asile est Jersey, trop heureuse contrée,
Où' s'il en sait jouir, l'homme trouve la paix,
Arrondit en berceau ses ombrages épais
Et respire des mers l'haleine tempérée.

Cette île sait encore garder ses vieilles lois
Et les vieilles vertus qui marchent avec elles,
Debout et le front haut le peuple y sert ses rois
Et la liberté vient y déployer ses ailes.

La muse qui préfère un sol plus agité
Ne pare pas Jersey des sa pourpre éclatante,
Mais sa rive est vouée à l'hospitalité,
Et de tous les proscrits voit se dresser la tente.

De désirs en désirs égaré trop longtemps,
Je repousse aujourd'hui leur amorce importune,
D'un tranquille séjour tous mes voeux sont contens
Et détrompé de tout j'y bénis la fortune.

Mais l'homme dans sa coupe a toujours du poison!
Sa compagne en tous lieux, l'implacable mémoire,
Des orages passés lui retrace l'histoire
Et du jour le plus pur assombrit l'horizon.

Lourd et triste fardeau qui s'aggrave sans cesse,
Amer tourment des coeurs qui n'ont pas oublié,
A chaque souvenir un regret est lié!...
L'oubli c'est le bonheur, l'oubli c'est la sagesse;...

 

Comte de Nugent
(Beaumont-Cottage: île de Jersey.)

1847

 

 

 

Poetry in Jersey

 

 

 

 

La Société Jersiaise

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