Les Pages Jèrriaises

Eune lettre dé 1788




Mousieu l'Éditeu,

Je sis un habitant de la paraise de S. Ouen. Un ergot de Cour est venu chute semaine me demander ma voix pour pliachir M. De la Perrelle connétable. Je lis dis que toues étais pour M. Ricard; qu'il étoit un brave homme; qu'il avoit diversement ben agi; qu'il n'avoit pas levait d'argent sur la paraise; qu'au contraire il avoit opposet cheux qui vouloient en lever; qu'il avoit souetenu nos droits contre les seigneurs de S. Ouen, & que d'ailleurs je ne donnez pon ma voix a un touanne casaque, car j'étois trop vié pour touanner la menne. Je lis dis de plus que je viez ben qui cherchoit à divisé noute paraise come chelle de S. Marie, afin d'avé un moyen de nous plumer. Je lis fis un calcul de che que chez bouane gens avois depenset en bille d'ajontion & procès dans le couzant de ch'année, qui samonte à pus de 60 louis doe, & que duzant tout le temps que M. Ricard avé était connétable, je n'avion eu presque aucun procès; que j'aimion mus nous en remettre à li que d'aller sieze les ergots come li en Cour perdre noute temps & bailli nous sous que javions tant de penne à gagni. Je vis ben, par la mine de noutre homme, que j'avois justement devinet ses raisons pour qui y hampchionoit dans noute paraise à demandé des voix, car y sen fut comme un chian à qui jezais rompu une gambe.

La Gazette de l'Île de Jersey
19/1/1788

 

Viyiz étout:

 

Les Pages Jèrriaises