Les Pages Jèrriaises

Dialogue entre "Pierre Le Noir" et un de nos braves St.-Laurenchais

Monsieur,

Le dialogue suivant a été calqué sur une petite scène qui se passa Samedi dernier entre "Pierre Le Noir" et un de nos braves St.-Laurenchais. En l'insérant vous obligerez beaucoup UN ELECTEUR DE ST.-LAURENS.

Pierre approchant, lui donne une poignée de main, croyant s'adresser à un Rosier.

Ah! Bonjour, Maitre Jean, comment vous portez-vous,
Et nos braves amis, comment se portent-ils tous,
Sont-ils comme de coutume, décidés à combattre,
Contre les aigrefins, qui cherchent à nous battre.

Me. Jean.

Ah! Ah! arrêtais là, ou parlais d'aigrefins !!
Ou devriez vos taire, - ou zoetes iun des pus fins !!!
Ou znavais tant trompai, à forche de promesses,
Et avais boulversai, toutes les paraisses,
Pour remplir vos pouchettes, elver les biaux râts,
Pour soutenir les procès de cheux qui crient "HOURAS.”

Pierre tout ému s'aperçoit de sa méprise, et lui dit en riochant.

Ah! Ah! - vous vous fâchez, vous êtes en colère,
Calmez votre fureur écoutez ma prière,
Votez je vous en prie pour notre LIBÈRAL,
Qui certes comme moi, est un LAURIER LOYAL.

Me. Jean.

J'deteste les apostals et oquou pus les traitres,
Ah! i lus sied mal de voulé faire les maitres.

Pierre s'impatiente et balbutie, et Me. Jean continue.

Attendai un moment et prennais une leçon,
D'un vier Jerriais qui vos vaut bain, luron;
Posais pour principe d'être trejous sincère
De ne tromper personne, et de ne faire pas craire
Qu'ou zêtes bouan et sincère Louori
Faisant craire à d'autres qu'ou zêtes vrai Rosi;
Eh bain, quest-che, voulous oquo entendre
Un p'tit mot qui ne dait pas vos surprendre
Chest que je n sis l'intérèt ne me fera trahi
Cheux qui m'ont fait du bain - Ah j'aimerais mus mouri

Pierre accablé et prêt à rendre l'âme.

Assez - oui - Me. Jean - cessez ce langage,
Modérez-vous un peu -, ah! je vous y engage.
Je vous reverrai - Oui, je suis bien occupe
Voyez, à ma porte, ce monsieur a frappé.

Pierre court, et s'en va "honteux et confus,
Jurant, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus."

 

St.-Laurens, ce 25 Juin 1845.

Le Constitutionnel 5.7.1845

 

Viyiz étout:

 

Les Pages Jèrriaises