Les Pages Jèrriaises

L'Ammin Ph'lip de Jerri à l'Ammin Bad'lagoule

Comme ch'la lus a fait plaisi en Jerri de lière le "Bailliage" de Samedi passai. J'tais à St. Hélié le matin et quand j'arrivi vers onze heuthes pour vés si mon chieth pépai était à s'n office qu'est depis l'année 1851 au-dessus du bureau de la "Nouvelle Chronique." Comme notre boun-homme ayant oublié son livre de quittances siès li et était hors le cherchi, car j'étais venu pour collectet des rentes qui m'dé depis ben d's années et je n'voulais le laissé pus longtemps en retard. Je descendis en bas dans la boutique et j'épi M. Bisson, le gérant de la Nouvelle Chronique début sur une chaithe, marté en main, cachant avec des clous l'Almanac du Bailliage sur y'un des murs de la boutique et votre numéro de Samedi passé pliai montrant le portrait du célèbre General Booth et de notre autre sommité, le Serjeant de la Reine. Autoûr et regardant l'alamanac et le Bailliage j'épié les jurés-justiciers Vaudin et Messervy, le Dénonciateur Dorey et entre autres Philip Le Brun, le sien qu'avait marié Mademoiselle Rougier, des Epérons, de Guernesi. Li, il t'ait juchi sur une pt'ite ichelle et bouffant de rithe me viant il s'écrie: "Mes compliments à Billy le Sergeant," et mé je li réponds, faisant la mine d'être mâri: "Je te prie, Philip Le Brun, en mémoithe des jours que tu étais le commis de mon pèthe, de ne pas d'vizé ité, même de mon Procureur général à Guernesi, M. William de Jersey, qui tien s'noffice à yun Court Row comme d'habitude." Après ch'la, je rencontre mon camarade du Lycée de Coutances, M. le Juge Aubin, qui me d'mendi di lunchi avec li, je le remercii de sa bonté, et l'y donnais un numéro du Bailliage de Samedi, mais de m'excusai car j'avais promis à un cousin d'aller partager son fricot de steak de piêuvres. Comme il y avait près li d'autres cousins et cousines y m'on fait chanter sur l'air de "Home Sweet Home," Jersey, Guernesey.

Patries, aux jours sévères,
S'il nous faut te servir,
Les fils dignes des pères,
Pour toi sauront mourir;
Gardant leur héritage,
Comme un sacré trésor,
Au milieu de l'orage,
Ils chanteront encor:
O campagnes chéries,
Collines et prairies,
Vous êtes nos amours,
Nos retraites fleuries,
Vous nous plairez toujours.

Et pis en regardant y'un des Jurés-Justiciers de Jerri qui était de la compagnie:

Que Dieu vous soit propice,
Comme aux jours d'autrefois,
Maintenez-nous la justice,
L'antique amour des lois,
Mort à ces rebelles,
Et leurs idées nouvelles,
Tous nos vailliants aïeux
De gloire ont couvert ces lieux.

O campagnes chéries,
Collines et prairies,
Chères à nos aïeux,
Nos retraites fleuries
Dieu vous bénit des cieux.

Dimanche après avait té à l'église le matin, je m'enfu à St. Lauthen et nos cousins étant tous des Wesleyens, ils m'ont dit: "Ph'lip j'irons avec té à l'église après le Thé." Je dis "Nonnai, ma fingre, je n'aime pas changi l'habitudes des gens, j'irai avec vous à la chapelle des Six Rues, car je cré que c'hest un amin autrefois de Guernesi, Monsieur Adair, qui va prêchi et ch'est un ben brave et boun chrétien. Ben des fais je t'ait le regardai le matin sur la cauchie à guernesi pêchi pour des rouges mulets, et je n'ai pas oublié ses bouns conseils."

Acouthe un p'tit mot. Je vais être obligé d'aller en Aurgny bétôt défende un malheureux qu'a t'ai dithe que tous le Mecredis redgully, il y'a un ferme là-bas qui n'ayant que quatre vaques envai 36 livres de beurre au Marché de St. Pierre-Port par le bâté Courier et qu'il y eu éthait acour pus sinon que le baté est trop pt'it quand ben même que le fermi ayant une ou deux de ses quates vaques à sec et que ch'la ne fait de rin et que les St. Pierrais de Guernesi sont accoutumés à la margarine. J' m'envais le défendre de mon mus. Pis, il y a M. Falle autrefois de Jerri, achteu fermi en Sercq, qui m'a envié mot par notre amin Philip Hamon, de venai passé chique temps siés li et d'être présen à la préchaine Cour des Chefs-Plaids du Sénéchal de Sercq. J'irai, car y faudra, Bad'lagoule, lus faithe tes compliments et j'tenvienai des nouvelles de là-bas. A la préchaine.

Ph'lip.
3, Rue des Puits.

Le Bailliage, Janvyi 1901

 

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