Les Patates

 

Poetry in Jersey

 

Vues de Jersey

(Sonnets sans retouches)

Les Patates (aux Champs)



De l'aurore au couchant d'un bras maigre et rustique,
Débraillés, des bretons fourchent, fourchent encor,
Avec ardeur ployant et redressant leur corps,
Sans trève ni repos, d'un geste automatique.

Des femmes, des enfants, bravant la sciatique,
Les suivent pas à pas, en un tranquille accord
Et, penchés sur la glèbe, emplissant jusqu'au bord
Leurs paniers du fameux légume socratique.

Les heures sont comptées: le temps c'est de l'argent;
C'est à qui luttera de force et d'entregent;
Aux charrois, les chevaux sont attelés; on charge.

Puis, sans perdre un instant, les vans prennent le large
Et les fermiers s'en vont, d'un trot fort diligent,
Vers la caisse où, chacun, pour sa récolte émarge.


 

Les Patates (sur le Port)



C'est un beau va et vient de vans et de haquets,
Chargés à couler bas du précieux tubercule
Qu'implanta Parmentier. Sur les ponts à bascule
Des milliers de tonneaux passent aux tourniquets.

Les docks sont encombrés et, partout sur les quais
Les caisses et barils que, jusqu'au crépuscule,
De tous les points de l'Ile en hâte en véhicule,
Sont empilés par tas et bien vite embarqués.

Sous pression, maints steamers attendent la marée,
Prêts à quitter le port. Vers la voûte azurée
Leurs cheminées envoient la fumée à flocons.

Voilà bein le labeur aux résultats féconds,
Offrant bon au mal an une aisance assurée
A qui n'use le temps en vidant les flocons.


Sun
Chronique de Jersey 26/2/1898

 

 

 

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La Société Jersiaise

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