Saint Helier - Saint Hélyi - Saint Hélier

St Hélyi

Passio Sancti Helerii
La Passion de Saint Hélier
La Pâssion d'Saint Hélyi

 

Latin
Français
Jèrriais

 

Passio Sancti Helerii

 

Intrante vero quarto mense, dedit Beatus Marculfus Sancto Helerio licentiam anachorizandi et locum componentem ad id agendum nomine Gersuth indicavit, atque socium nomine Romardum cujus societate et aminiculo ad locum pervineret accommodavit. Perrexerunt autem Romardus et Beatus Helerius usque ad locum qui vocatur Genetz, de quo, cum parva lintre, usque ad insulam quae vocatur Gersuth, Deo disponente pervenerunt. In qua non plus trigenta promiscui sexus invenerunt. Erant namque ibi rupes in una quarum invenit Beatus Helerius unum paralyticum et loripedem nomine Anscretillum quem per orationem suam et per impositionem suae benedictionis sanavit, quorum vestigia adhuc apparent in rupidibus.

Caeterum altrinsecus erat alia rupes septa utroque à mari in qua Beatus Helerius lectum suum in ostro nec aliquo plumario intravit. Sed sola incisura saxi in quo quandiu vixit qualitercumque caput suum pro tempore reclinavit. Tertio autem anno suae ingressionis, Beatus Marculfus ad sanctum Helerium advenit, quem ita fatigatum et maceratum vigiliis et jejuniis invenit, ut vix illum recognoscere potuit. Videntes autem se Sancti, prae gaudio fleverunt et in amplexibus suis, diutissime profusis lacrymis ora sua irrigarunt. Factum est aulem, cum esset Beatus Marculfus in insula, adventare persecutionem Orcadum cum XXX navibus, quas cum videret pedagogus beati Helerii, subito venit ad eum dicens :

"Numquid scis nos esse circumseptos à piratis praedonibus."

Elevans autem Beatus Helerius caput suum et aperiens oculos suos longis vigiliis fatigatos, vidit piratas navigio adpropinquantes. Venit ergo ad Beatum Marculfum et interrogavit quid agerent. Cui ille respondit quod ad arma divina converterentur. Sancti vero prostrati ad orationem Dominum deprecati sunt ut illos et omnes alios ab illis latronibus liberare dignaretur. Descendit igitur ira de coelo super piratas in tantum quod ceperunt se ad invicem interficere. Et interfecerunt ita unus alium quod non fuit aliquis remanens ex tribus milibus qui casum aliorum ad patriam nunciaret. Sancti vero ab oratione surgentes ut viderunt se ereptos ab hostibus, benedixerunt Deum qui salvat sperantes in se. Die autem tertio post patriae liberationem, discessit Sanctus Marculfus et Beatus Romardus a Beato Helerio nunquam eum postea in hoc saeculo visuri. Beatus igitur Helerius et pedagogus ejus remanserunt Deo servientes nocte ac die. Sanctus itaque Helerius sic carnem suam affligebat quod non manducabat in ebdomada nisi semel ut tali refocillatione sua membra sustentata Deo servirent. Erat enim ita fatigatus ut per diem non iret quantum erat jactus lapidis. Quinto decimo anno suae ingressionis in insulam apparuit ei Dominus Jesus Christus dicens :

"Veni, dilecte mi, ad me; usque ad tertium diem ex hoc mundo laureatus sanguine migrabis."

Diluculo, recedente mari, venit paedagogus ejus solito more ad eum. Cui dixit quod audierat. Unde ille tristis et desolatus effectus est. Altero autem die, flante austro, advenerunt Wandali cum magna classe atque totam insulam impleverunt. Sanctus vero Helerius non timore mortis sed lassitudine latuit. Tamen, Deo volente, garritibus avium à Wandalis inventus est. Qui videntes eum putaverunt delirum esse. Sed unus illorum evaginato gladio caput ejus amputavit. Argumenta cujus sanguinis adhuc apparent in silice et semper apparebunt dum terra in infinitum nomen convertatur. Piratae igitur terram depopulati, recesserunt. Veniens autem paedagogus ejus ad ripam invenit magistrum suum decollatum, habentem caput suum inter brachia sua, sicuti aportarat illud fere per sextam partem dimidii miliarii, scilicet a rupe usque ad certam terram. Videns autem mirabilia quae Deus pro martyre suo fecerat, Dei potentiam qui sanctos suos ita mirificat collaudavit. Accepit ergo corpus et caput Domini sui et in parva triremi imposuit, timens ne piratae remeantes sanctum corpus deturparent, et ingressus in illam ad caput Domini sui sedit. Sed fatigatus dolore et timore obdormivit. Dei vero inspirante gratia, navicula circumfluentibus undis, in alto rapitur mari et per tot vertigines aquarum usque ad oppidum quod vocatur Hereuarde ubi fluenta Mosae et Rheni et Walli conveniunt, invehitur. Cum autem paedagogus se evigilasset et omnia loca vidisset ignota praeter naven obstupuit. Quod homines illius villae videntes putaverunt phantasma esse. Secl postquam ab homine didicerunt quid esset, magno gaudio gravisi sunt. Adduxerunt Sanctum Willebrodum episcopum usque ad navem ut videret et intelligeret quid hoc esset. Ille vero postquam cognovit seriem rei, diligenter corpus Beati Helerii at Stovenas deportare fecit cum magnis laudibus, ibique eum in nobili mausoleo, septimo decimo Kalendas augusti, sepelivit, ubi per orationes ejus fiunt divina miracula ad laudem et honorem Dei cui est honor et gloria in secula seculorum.

AMEN.

 

St Hélyi

 

Latin
Français
Jèrriais

 

De la Passion de Saint Hélier

A l'entrée du quatrième mois, saint Marcouf donna à saint Hélier la permission de vivre en anachorète, et pour mener ce genre de vie, il lui indiqua un lieu convenable nommé Jersey. Il lui accorda même, pour arriver au lieu désigné, un nommé Romardus, qui fut à la fois son compagnon et son ami. Romard et saint Hélier poursuivirent leur route jusqu'a un certain lieu qui est appelé Genêts, d'où, avec une petite barque, ils abordèrent, sous la garde de Dieu, à l'ile nommée Jersey. Ce lieu ne comptait pas alors plus d'une trentaine d'habitants de l'un et de l'autre sexe. On y voyait plusieurs rochers, dans l'un desquels le bienheureux Hélier rencontra un paralytique aux jambes torses, nommé Anscretil, qu'il guérit par une prière et une bénédiction. On montre encore dans ces rochers des souvenirs de ce miracle. Il existait aussi un autre roche entourée de la mer de tous côtés, et dans laquelle le bienheureux choisit sa couette. Ce n'était pas un lit de parade, orné de broderies, mais une cavité dans la pierre; c'est là qu'il vécut, en donnant chaque jour à son corps quelques instants de repos. La troisième année de l'arrivée de saint Hélier dans l'ile, saint Marcouf vint le visiter. Il le trouva tellement fatigué et amaigri par ses veilles et ses jeûnes qu'il pût à peine le reconnaître. En se revoyant, ils pleurèrent de joie, et dans leurs longs embrassements leurs visages furent inondés de larmes.

Pendant que saint Marcouf resta près de saint Hélier, des corsaires, venus des Orcades, avec une trentaine de navires, se dirigèrent sur l'île. Le disciple de saint Hélier les ayant aperçus accourut vers son maître en disant :

"Savez-vous que nous sommes entourés par des écumeurs de mer ?"

Le bienheureux Hélier, levant la tête et ouvrant ses yeux fatigués par les veilles, aperçut la flotte des pirates qui approchait. Il vint alors vers le bienheureux Marcouf et lui demanda ce qu'il fallait faire. Le saint répondit que les barbares seraient anéantis par les armes de la prière. Les deux Bienheureux s'étant alors prosternés en oraison, supplièrent le Seigneur de vouloir bien les délivrer des pirates, eux et les habitants de l'île. La colère du ciel se manifesta tellement contre ces pirates qu'ils se tuèrent les uns les autres, et le carnage fut si complet que sur trente mille il n' en resta pas un pour porter dans leur patrie la nouvelle de cette défaite. Les deux saints ayant fini leur prière, se relevèrent, et se voyant délivrés des ennemis, rendirent grâce au Seigneur qui n'abandonne point ceux qui espèrent en lui. Trois jours après la délivrance de l'ile, saint Marcouf et le bien- heureux Romard se séparèrent de saint Hélier, qu'ils ne devaient plus revoir ici-bas. Il resta seul avec son disciple, servant Dieu jour et nuit. Pour mortifier son corps, il ne faisait qu'un repas par semaine, afin de pouvoir se soutenir pour honorer le Seigneur. Mais il était tellement affaibli qu'il n'aurait pu, dans un jour, parcourir la distance d'un jet de pierre. Après quinze ans de séjour dans l'ile, Notre-Seigneur lui apparut et lui dit :

"Venez vers moi, mon bien-aimé, dans trois jours vous quitterez cette terre avec la couronne des martyrs."

Avant le lever du soleil et après le retrait de la mer, le serviteur vint, selon son habitude, trouver le saint, qui lui raconta ce qu'il avait appris. Cette nouvelle fut une tristesse et une désolation pour le disciple. Le lendemain, poussée par le vent du nord, apparurent, avec une flotte considérable, des Wandales qui envahirent l'île entière. Saint Hélier se cacha pour cause de lassitude, mais non par crainte de la mort. Néanmoins, Dieu permit qu'il fut découvert par le gazouillement des oiseaux. En l'apercevant, les Wandales le prirent pour un homme dans le délire, et l'un d'eux, tirant son épée, lui coupa la tête. Des traces de son sang apparaissent encore sur la pierre et se verront tant que la pierre subsistera. Les pirates se retirèrent après avoir ravagé l'île. Le disciple étant venu sur le rivage, trouva son maître décapité et tenant sa tête entre ses bras. Il l'avait ainsi portée la sixième partie d'un demi-mille, en venant de la roche vers la terre. Témoin des merveilles que Dieu opère par ses saints, le disciple loua le Seigneur, et prenant son maître, le posa dans une modeste trirème, dans la crainte que les pirates ne revinssent et ne profanassent son corps. Il monta ensuite dans le bateau et s'assit près de la tête du saint, où il s'endormit, tourmenté par la crainte et la douleur. Mais par l'inspiration de la grâce divine, la barque, entourée des flots, fut portée dans la haute mer et entraînée par les courants jusqu'a la ville de Hereuarde, située aux embouchures de la Meuse, du Rhin et du Wahal. Quand le disciple se réveilla, il aperçut autour de lui des terres qu'il ne connaissait pas, et tout, moins sa barque, lui sembla nouveau. Les gens du pays ayant vu le bateau, crurent à une illusion, mais ils furent dans l'allégresse quand ils apprirent par le disciple ce que renfermait sa trirème. Ils conduisirent leur saint évêque Willibrode au navire, pour qu'il s'assurât par lui-même de ce qu'il contenait.

Quand il eut entendu la narration du disciple, il fit enlever le corps de saint Hélier, et le 17 des Calendes d'août le porta, au chant des psaumes, a Stovenas. Placé sous un noble mausolée, on vint invoquer le saint, et là s'opérèrent d'éclatants miracles, à la louange et à l'honneur de Dieu, a qui appartient l'honneur et la gloire dans les siècles des siècles.

AINSl SOIT-IL.

 

St Hélyi

 

Latin
Français
Jèrriais

 

La Pâssion d'Saint Hélyi

Au c'menchement du quatrième mais, Saint Marcouf donnit à Saint Hélyi la pèrmission dé d'meuther coumme hèrmite, et pouor m'ner chutte vie, i' lî suggéthit un lieu conv'nabl'ye tch'avait nom Jèrri. I' lî donnit étout un houmme tch'avait nom Romard pouor l'aîdgi duthant l'viage, et ch't' houmme-chîn fut san compangnon et s'n anmîn.

Romard et Saint Hélyi siûtent lus c'mîn à un cèrtain lieu tch'avait nom G'nêts, où'est qu'il embèrtchîtent sus un p'tit baté et arrivîtent souos la garde du Bouan Dgieu à l'île tch'avait nom Jèrri. I' n'y' avait qu'eune trentaine dé pèrsonnes des deux sexes. I' y' avait des rotchièrs par les côtes et sus iun d'ches rotchièrs Saint Hélyi rencontrit un houmme paralysé ès gambes teurses, tch'avait nom Anquétil, tch'i' dgéthit auve eune priéthe et eune bénédiction. La mémouaithe dé chu mithacl'ye est acouo mèrtchi sus l'rotchi.

I' y' avait étout un aut' rotchi entouôthé par la mé où'est qué l'Saint fit san liet. Ché n'tait pon un liet auve un pourpre mat'nas auve d'la brod'die, mais un creux dans la pièrre où'est qu'i' d'meuthait et donnait un mio d'èrpos à san corps châque jour.

La traisième anné auprès l'arrivée d'Saint Hélyi dans l'île, Saint Marcouf vînt l'vîsiter. I' l'trouvit lâssé et halé à eune telle m'suthe par ses vilyies et ses jeunées tch'i' n'fut pon aîsi d'l'èrconnaître. Quand i' lus èrvîtent, i' plieuthaient d'jouaie et i' lus embraîchaient auve les faches couèrtes dé lèrmes.

Duthant qu'Saint Marcouf restait siez Saint Hélyi, des pithates, v'nus d's Orcades, auve eune trentaine dé navithes, navidgîtent vèrs l'île.

Lé discipl'ye à Saint Hélyi les vit et couothit à san maît' et lî dit:

"Sav'ous qué j'sommes entouôthés par des pithates?"

Saint Hélyi s'êl'vit la tête et ouvrit ses ièrs lâssés par ses vilyies et vit la fliotte des pithates tchi 'tait à appraîchi. Pis i' vînt à Saint Marcouf et lî d'mandit tch'est qu'i' lus en allaient faithe.

Lé Saint rêponnit qu'i' lus fiêthaient ès armes d'la priéthe. Les deux Saints lus prostèrnîtent en priéthe, et d'mandîtent au Seigneur d'les saûver des pithates, ieux et l'habitants d'l'île. La mârrisson du ciel ainchîn d'cendit sus les pithates tchi lus mîntent à lus tuer. Et i' lus tuîtent si compliètement qu'pèrsonne n'restait des trais milles pouor rapporter la nouvelle dans lus pays.

Les deux Saints s'êl'vîtent d'lus priéthe et vîtent qu'il' avaient 'té sauvés d's enn'mîns, et r'mèrcîtent lé Bouan Dgieu tchi n'laîsse pon les cheins tch'ont l'espé en Li.

Trais jours auprès la libéthâtion d'l'île, Saint Marcouf et Saint Romard tchittîtent Saint Hélyi - et i' n'lé vèrraient pus janmais dans chutte vie.

Ainchîn Saint Hélyi et san discipl'ye restaient, sèrvant l'Bouan Dgieu niet et jeu. Saint Hélyi afflyigeait san corps et n'mangeait qu'eune fais par s'maine à seule fîn dé sé souôt'nîn pouor la glouaithe dé Dgieu. Mais i' tait tellement lâssé qu'i' n'pouvait pon aller pus liain dans un jour qu'nou pouôrrait j'ter eune pièrre. Tchînze ans auprès s'n arrivée dans l'île, lé Seigneur Jésû lî appathut et dit:

"Veins à mé, man chèr, auprès trais jours, tu tchit'tas chu monde couronné d'sang"

À sinne dé jeu, auprès l'èrtithant d'la mé, san discipl'ye vînt à li s'lon sa couoteunme. Lé Saint lî dit chein tch'il avait ouï. Lé disciplye 'tait tout dêsolé et triste. Lé lend'main, souos les vents d'amont, les Vandales arrivîtent auve eune grande fliotte et envahîtent l'île entchiéthe.

Saint Hélyi s'muchit pa'ce qu'i' tait lâssé, pas pa'ce qu'il avait peux d'la mort. Mais par lé d'si du Bouan Dgieu, i' fut trouvé par les Vandales grâce à la tuit'tie d's ouaîsieaux. En l'viyant, i' criyaient qu'i' tait fiévreux. Mais iun dg'ieux prînt san sâbre et lî copit la tête. Nou peut vaie achteu l'sang sus l'rotchi et nou l'vétha sus la tèrre à tout janmais. Les pithates, ayant tout saccagi, lus en allîtent.

Lé discipl'ye vînt sus la grève et trouvit san maît' dêcapité auve sa tête dans ses bras, l'ayant portée la siêxième partie d'un d'mié-mille du rotchi à la tèrre. I' viyait l'mithacl'ye qu'lé Bouan Dgieu fait pouor ses martyrs par l'pouver dé Dgieu et d'ses Saints, et i' fut êtonné et louangit lé Seigneur. Ainchîn i' prînt l'corps et la tête d'san maît' et les mînt dans un p'tit baté, ayant peux qu'les pithates né r'vînssent pouor profanner lé corps du Saint, et i' s'assiévit dans l'baté auprès d'la tête d'san maît'. Mais i' tait lâssé par la tristesse et la peux et i' s'endormit. Mais, înspiré par la grâce dé Dgieu, lé p'tit baté, sus eune haute mathée et entouôthé d'grands louêmes, fut porté par les couothants à eune ville tch'avait nom Hereuarde, où'est qu'les riviéthes Meuse, Rhîn et Wahal lus joignaient. Quand l'discipl'ye s'êvilyit, i' fut êtonné d'vaie qu'tout ch'qu'i' y' avait entouor li 'tait înconnu - excepté l'baté. et les gens du pays tchi l'vîtent, criyaient qu'i' tait un r'vénant. Mais auprès qu'lé discipl'ye lus explyitchit, i' fûtent remplyis d'jouaie. Nou's-am'nit Saint Willebrode, lus êvêque, au bâté à seule fîn qu'i' pûsse vaie et saver tch'est qué ch'tait. Ayant apprîns l'histouaithe, i' fit porter lé corps d'Saint Hélyi auve grand soin et grande jouaie à Stovenas, et là i' fut entèrré dans un nobl'ye mausolée lé dgiêx-sept des Calendes d'août. Et par ses priéthes, des mithacl'yes ont 'té accomplyis par l'Bouan Dgieu à la glouaithe et l'honneu dé Dgieu, à tchi est l'honneu et la glouaithe jusqu'ès âges des âges.

Amen

 

Latin
Français
Jèrriais

 

St Hélyi

R'tou à la page d'siez-mé | Back to home page

E-mail: geraint@societe-jersiaise.org